Comment devenir un « bon professionnel » ?

distance soignant soigné

Est-ce possible ? Quelle est la juste distance ?

Pendant toutes nos études, on nous apprend à devenir de bons professionnels. Mais avons-nous une idée de ce que serait un « bon professionnel ». Qu’est-ce que cela peut vouloir dire ?

Parfois il est préféré les termes posture professionnelle, juste distance, pour expliciter l’identité du professionnel en exercice. Le costume (avocat, blouse blanche, uniforme,…) ne permet malheureusement pas de faire le professionnel. Pour autant, les familles, les patients, les clients, les usagers et même certains professionnels eux-mêmes pensent qu’il suffit de revêtir « une blouse blanche »un costume » pour être un pro.

Malheureusement ou heureusement, la réalité est beaucoup plus complexe que de se vêtir d’un costume.

Dans cet article je vais vous partager les trois points essentiels qui vous permettront d’avoir des repères pour progresser, vous améliorer et grandir pour devenir le soignant que vous avez envie d’être.

Mais avant de vous partager ces trois étapes, j’aimerais vous dire qu’être un bon professionnel reste une description subjective qu’il est impossible de définir. Être bon ou être mauvais reste toujours une évaluation personnelle qui sera influencée par notre personnalité, notre caractère ou notre identité. Le plus important c’est que vous, vous puissiez vous sentir bien dans votre blouse, en phase avec vos valeurs, et c’est cela qui vous amènera à vous ressentir et vous sentir être un bon professionnel.

Trop souvent le jugement que nous avons sur notre propre compétence ou nos propres capacités, dépend du regard de l’autre.

Première étape : 

étape numéro 1

C’est la connaissance des missions et des compétences de chacun. Il n’y a pas de compétences plus importantes les unes par rapport aux autres, elles sont toutes complémentaires. C’est la complémentarité des compétences qui permet la prise en charge globale du patient, la prise en compte de ses besoins, de sa personnalité et de son humanité. Pour permettre ça, il est nécessaire de passer par la reconnaissance des compétences de chacun mais surtout la reconnaissance des limites des compétences de chacun.

Chacun a une place et chacun doit être à sa place.

Si cela vous intéresse je vous propose cet article sur le monde soignant : Être soignant

Deuxième étape : 

étape numéro 2

La deuxième étape c’est la connaissance de ses limites. C’est ce qui permet une juste distance. Dans notre pratique professionnelle, l’autre est le centre de nos préoccupations à tous. Seulement, pour travailler nous avons besoin de règles, de protocoles, d’un cadre.

Tout comme la vie en société, sans règle, sans protocole et sans cadre, ce serait l’anarchie. Seulement lorsque l’on travaille avec l’humain il est parfois nécessaire de prendre ses distances avec ces derniers pour ne pas perdre de vue malade.

Cette norme du soin est nécessaire mais il est important de la replacer à sa juste place, celle d’une nécessité pratique et non une finalité. Bien trop souvent les violences institutionnelles prennent naissance au moment même où l’on privilégie le protocole au détriment de l’humain. Et c’est valable partout : à l’école, à l’hôpital, au tribunal, dans une rue avec des manifestations, en institution …

Si on réfléchi à notre position nous réalisons que nous sommes submergés par la règle. Nous appliquons des règles toute la journée. Tout cela pour permettre de maintenir l’illusion d’une norme. La norme nous engloutit.

Arrêtons-nous cinq minutes pour réfléchir à ce qu’est la norme. La norme c’est une nécessité pratique. On ne soigne pas dans l’improvisation, on ne diagnostic pas n’importe comment, on ne propose pas n’importe quel traitement, on administre pas un traitement de n’importe quelle façon, on n’accueille pas n’importe comment, on ne lave pas quelqu’un n’importe comment, on ne transmet pas n’importe comment … je pourrais continuer longtemps.

Elle est donc nécessaire car elle permet une réalité pratique. Pour autant lorsqu’elle a envahi tout, nous perdons de vue la véritable finalité de notre travail, c’est-à-dire l’être qui est en face de nous. A vouloir trop respecter la norme, nous ne pouvons plus nous en détacher pour se décoller de la réalité et faire un pas de côté. Nous nous retrouvons à côté de cette réalité.

Bien sûr il est plus confortable d’appliquer la règle que de tenter de coller à la réalité.

Il est plus confortable de proposer un traitement selon des critères cliniques uniquement, plutôt qu’un traitement adapté à aux attentes du patient, ou nécessitant une évaluation fine du bénéfice et du risque a proposer ce traitement. Expliquer aux patients et à sa famille que l’on ne va pas faire et souvent plus complexe que d’expliquer le faire.

Il est plus confortable designer selon les habitudes plutôt que de réfléchir à des solutions alternatives, de créer, de proposer et de défendre ses idées. Ça permet de se « cacher » derrière le protocole.

Il est plus confortable de dire que l’on a jamais procédé comme ça, qua c’est la procédure plutôt que de réfléchir comment la procédure peut s’adapter dans cette situation humaine singulière.

Pour illustrer ces propos, je vous propose de découvrir ou redécouvrir cette histoire que j’ai vécu à l’hôpital : Suivez le protocole

J’observe trop souvent dans ma pratique que le faire précède la réflexion.

Pourquoi ?

être soignant

Eh bien parce que « faire » dans l’urgence, lorsqu’il n’y a pas d’urgence, a un double avantage : 

  • Se dispenser de remettre en cause la pertinence de nos actes.
  • Être en accord avec la règle

Si la règle s’impose quant aux horaires (toilettes, repas, visites, soins, …) pour le bon déroulement de la vie d’un service et à plus grande échelle d’un hôpital, rien interdit d’adapter ces règles à une personne qui dort un peu plus, qui se douche le soir, qui ne mange que deux fois par jour, etc.

C’est exactement à cet endroit que la créativité à sa place. Être à l’aise dans sa profession, être efficient, permet de dégager du temps qui est mis à profit pour créer.

Les règles représentent la partie pratique de notre métier. Si tout au long de la journée nous ne faisons qu’appliquer les recettes produites par l’autre, celui qui est oublié dans l’affaire c’est bien le malade, cet être particulier, hors normes.

Cette norme n’est qu’une nécessité pratique. Le malade nous oblige sans cesse à adapter la norme.

Troisième étape : 

étape numéro 3

Nous avons pu voir que la règle n’est pas une fin en soi mais uniquement une valeur opérationnelle. Si l’on invente pas, le malade en tant qu’être unité est oublié. Et c’est bien là, la clé de la troisième étape qui permettra à ce malade d’apparaître. C’est de notre responsabilité car c’est nous qui avons la main, qui avons les rênes. Nous avons le pouvoir de le rendre anonyme comme de le faire apparaître dans sa singularité. C’est à ce moment-là que l’on est auprès du patient, de moins moins indifférent. Il n’est plus l’oesophage du 14 ou l’occlusion de la 12. L’élève n’est plus le nul en math ou celui qui a des problèmes. La mère de famille n’est plus la famille nombreuse ou le coefficient truc.

L’autre est ce qu’il est mais pour autant je ne le lâche pas.

En résumé nous pouvons dire que pour trouver une place confortable en tant que professionnel, pour se considérer en phase avec nos valeurs, il est nécessaire d’être attentif à trois choses :

  • la connaissance des missions et des compétences de chacun
  • La connaissance de ses limites
  • La reconnaissance de l’autre en tant qu’être singulier

C’est au croisement de ces trois étapes, que l’on va pouvoir faire apparaître un espace de créativité qui va nous permettre d’inventer pour être plus proche de l’autre et non pas dans la norme.

Cynthia M

En complément je vous propose de visionner la vidéo faites sur ma chaîne youtube et qui aborde un autre aspect de la juste distance soignant/soigné et donc de la bonne posture 🙂

Inspiré de l’article de Serge DUPERET, Praticien hospitalier, Service de rйanimation chirurgicale, HCL, Lyon, docteur en éthique, Université Paris-Sud – Paris-Saclay | Publé le : 09 Janvier 2012.

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