Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’amour

tant qu"il y a de la vie il y a de l'amour

Elle est trop faible, elle ne tiendra pas jusqu’à juin. Son cancer avance vite, trop vite. Elle peut à peine marcher, le moindre mouvement l’essouffle.

Le médecin essaie par tout les moyens de ralentir le processus, mais il n’est pas grand chose face au crabe. Ses pinces sont bien plus puissantes que celles du médecin.

Son mari l’accompagne, jour et nuit. Enfin son amoureux car ils ne sont pas encore mariés. C’est prévu pour juin. C’est son rêve à Hélène d’être accompagnée de son papa jusqu’à l’autel. De voir les yeux de son amoureux briller d’amour pour elle. D’enfiler sa robe de princesse. Remarque à 32 ans c’est normal de rêver d’amour éternel quand on a trouvé son prince charmant.

Alors qu’est-ce qu’on fait ? Et bien si elle ne peut aller à l’autel, on fera venir l’autel à elle.

Et voilà qu’un fabuleux élan de solidarité se forme dans l’équipe de ce service d’oncologie/hématologie.

L’équipe obtient l’autorisation d’utiliser une salle de réunion de la direction située au dernier étage de l’hôpital. Le prêtre accepte de venir à l’hôpital. Même l’officier de Mairie accepte de se déplacer avec les registres. Les bancs sont publiés, la robe arrive dans le service.

L’esthéticienne et le coiffeur ont rendez-vous dans la chambre, ce samedi matin. Les aide-soignants sont aux petits soins. Il règne une effervescence inhabituel dans le service ce matin là. Les soignants sont beaux et joyeux. Ce doit être le pouvoir de l’amour, le vrai, le grand, celui qui se moque de l’apparence et du temps.

Elle a de la force aujourd’hui. Les perfusions d’amour l’inonde d’énergie. Ça y est, elle sort de sa chambre. Magnifique, allongée sur son brancard, elle part en direction des ascenseurs pour rejoindre la salle, préparée avec soin par ses proches et les soignants. Ces soignants qui sont revenus sur leurs jours de repos pour partager ce moment avec eux.

En arrivant devant la salle, son père la porte dans ses bras. Comme blanche neige elle se dirige dignement vers son prince charmant. Le fauteuil roulant, décoré de tulle, l’attend auprès de son futur époux.

L’union est célébrée. Des larmes de joie, de peine, de colère et d’amour se mêlent sur les visages. Ils sont si beaux, si jeunes, si amoureux …. Elle se délecte d’une coupe de champagne, elle se prête aux jeux des photos, se moque des infirmières, des aide-soignants et de son médecin qui ne peuvent retenir leurs larmes.

C’est un moment indescriptible qu’elle nous fait vivre. Ce petit bout de femme nous remplit de sentiments intenses qui explosent dans nos poitrines, dans nos gorges. La quintessence de ce métier réside peut-être dans ces moments de vie, ces moments proche de la fin où le sens de la vie prend toute sa place. Et si je n’étais pas infirmière, je ne vivrai jamais ces moments. Moi j’ai la chance de les vivre dans mon métier, d’être payée pour les vivre ….

Elle se fatigue vite, surtout après la coupe de champagne. Elle redescend se reposer un peu. La sieste de la mariée.

Hélène s’envolera trois jours plus tard. Elle sortira du service dans sa robe, couverte de fleurs, suivi de son prince charmant, qui a fait le serment de l’aimer pour l’éternité.

Hélène est morte dans l’amour.

Cynthia

Défi N°2, article 21/30

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Instagram
LinkedIn
LinkedIn
Share
YouTube
RSS
Copy link