Lorsque l’on rentre dans sa chambre, elle est terrorisée. Derrière son lit à barreaux, elle nous regarde inquiète. Elle doit se demander ce qui lui arrive, elle ne parle pas notre langue, ne nous comprend pas, et en plus elle souffre à chaque fois que quelqu’un la touche.
Elle a 4 ans, mais a la taille d’un enfant d’un an. Son corps est déformé par la maladie. Elle a les épaules qui remontent, un cou qui n’existe pas, des mains tordues et des pieds déformés. Son crâne est difforme, à la fois bombé tel un oeuf et asymétrique, ce qui lui confère un air plus mature, peut être à cause de la taille de la tête.
Tous son corps est recouvert de masse cutanée. Des petits boules qui poussent sur la peau comme des champignons sur un tapis de mousse. Son visage en est recouvert, ses lèvres, l’intérieur de sa bouche. Ses lèvres donnent l’impression d’être trois au dessus et quatre en dessous.
Vite, une accroche, mon regard doit s’accrocher à quelque chose d’humain pour que je puisse rentrer en contact avec elle. Ses yeux, deux billes noires qui me fixent intensément. On dirait le regard d’un fauve qui vous scrute pour deviner vos intentions. Il me semble qu’elle lit dans ma tête, dans mon coeur. A t’elle devinée ma première réaction lorsque je l’ai vue ? A t’elle ressentie ce mouvement de recul que j’ai retenu de toutes mes forces ?
Je lui souris, je sors de la poche de ma blouse une peluche. Ce petit chien fuchsia devient le médiateur entre elle et moi. C’est lui qui aura le privilège de la toucher en premier.
Pendant qu’il gagne du terrain, la maman nous raconte les douleurs horribles, le voyage pour trouver des soins, son impuissance face à l’horreur, face à cette maladie orpheline qui mange les os de sa fille et la transforme en monstre.
Ça y est, j’y suis, elle approche un petit doigt de l’oreille de mon chien fuchsia. Victoire, je souris, elle me souris. Elle ne me lâche pas du regard, méfiante comme un animal sauvage apeuré, elle se tient prête à battre en retraite. Alors je redouble de douceur. Le petit chien la caresse, doucement. Il tombe, le maladroit, elle éclate de rire.
Elle me regarde encore plus profondément, j’ai l’impression de l’entendre me parler. C’est la voix de l’âme, du cœur. Elle est belle, quelle incroyable petite fille je viens de découvrir. Je l’adore déjà. Même si elle ne peut pas parler, moi je l’entends.
Le challenge maintenant, c’est de la présenter vraiment à toute l’équipe qui s’occupe d’elle.
La véritable beauté d’une âme se trouve à l’intérieur de son écrin.
Cynthia
Défi N°2, article 3/30
2 Comments
Je laisse un commentaire ici parce que je trouve ça parfaitement injuste qu’il n’y ait aucun commentaire au bas de ce magnifique et émouvant article :-). En quelques mots, il dit tout de la vie, de l’amour et de l’amour de la vie… Merci Cylie
hahaha merci Jean-françois. Pas d’injustice … que du ressenti. Merci d’avoir partagé le tien. Ça me touche.