Ils arrivent tous en courant dans la salle de jeu. L’un qui tire sa bouteille d’oxygène, l’autre qui fait rouler son pied à perfusion, un autre encore qui arrive en roue arrière sur son fauteuil. Ils ont entre 6 et 9 ans au vu de leurs regards pétillants, pleins de malices et de jeux.
Même sans cheveux, sans cils et sans sourcils ils ont la beauté de l’enfance, la douceur de l’innocence, la merveille de la naïveté. Même avec le cancer ils sont des enfants, même avec le crabe la vie transpire de tous les pores de leurs peaux. Ils sont beaux.
Ils se disputent la place autour de la table. Qui se met à côté de qui.
Une dispute démarre entre Lucas et Matis. Ils veulent se mettre tous les deux à côté de l’infirmier.
Matis désadapte alors l’oxygène de Lucas. Le petit tuyau qu’il a dans le nez n’est plus relié à la bouteille d’oxygène. Le temps qu’il réalise il est déjà bleu. Il a du mal à respirer. L’infirmier comprend desuite et réadapte immédiatement l’oxygène.
Voilà, c’est aussi simple que ça le moment présent. C’est ici et maintenant que les enfants vivent les enjeux de leur vie, de leur vie sociale. Parce qu’en fin de compte, les copains c’est quand même ce qu’il y a de plus important non ?
Le reste on s’en fiche.
Louise est restée dans sa chambre. Elle ne peut pas participer au goûter avec les autres. Le médecin a dit qu’elle avait une infection et qu’elle devait rester encore un peu dans sa chambre, quelques jours.
Elle est en colère. Elle lui en veut.
Quand Thierry l’infirmier vient lui faire la prise de sang, elle profite qu’il se lave les mains dans la salle de bain pour cracher dans le plateau où il y a les tubes et l’aiguille pour la prise de sang.
Bien vue Louise 🙂
C’est la vie qui continue. Le pouvoir de l’instant présent. La capacité de ne pas se projeter et de s’occuper de ce que l’on vit ici et maintenant.
Les enfants ont ça dans la peau. Les adultes ont une leçon de vie à recevoir de ces petits d’hommes de 8 ans.
La maladie est un ballon rouge qui prend toute la place. Un ballon qu’il faut tenir en permanence dans sa main pour ne pas qu’il s’envole et qu’il nous emporte. Alors il faut lui faire une place. L’accrocher au volet de la maison, à l’arbre du jardin. Il faut faire avec lui car il fait parti du paysage, il fait parti du voyage.
Mais il n’empêche pas de profiter des moments qui s’offrent à nous.
Malgré tout la vie continue.
Ils sont forts, ils sont beaux, ils sont philosophes et méditants sans le savoir, sans apprendre. Ils sont la force de la vie, l’espoir de demain, la joie de maintenant.
Le crabe n’a pas d’emprise sur leur joie profonde. Même si parfois le ballon se décroche et les emporte avec lui, ils s’envolent avec le sourire.
Merci d’être là Lucas, Matis, Louise et tous les autres. Vous êtes un hymne à la vie.
Cynthia
Défi N°2, article 19/30