Mes mains glissent sur son dos enduit d’huile. J’aime ce temps de toucher massage où je suis acceptée en pleine intimité. Je ne connais pas cette dame et pourtant mes doigts glissent sur sa peau douce et fragile. Je sens ses os, je perçois sa maigreur, je devine sa détresse. Qu’est-ce qui coule dans les veines d’une dame de 50 ans qui est condamnée par une maladie incurable ?
L’énergie de mes jeunes années vient nourrir la faiblesse de ce corps qui se bat contre la maladie.
Elle a les yeux fermés, elle profite et moi je donne … je reçois. Je reçois sa confiance, je reçois la communion entre deux femmes, je reçois la vie et l’histoire de cette dame au travers de sa peau, je reçois ce que je suis venue cherchée lorsque j’ai épousé ce métier il y a 17 ans.
Je perçois toute la beauté de mon métier d’être au plus près de ceux qui sont vulnérables.
Je suis fière d’appartenir à cette famille qui crie et se bat aujourd’hui pour sauver une dignité, une humanité.