La joie comme médicament

la joie dans les soins

Cet article a été sélectionné pour participer l’événement inter-blogueurs “Les sources de bonheur inspirantes de mon domaine” organisé par Claire Joyeux du blog Recettes Minceur Bonheur . N’hésitez pas à visiter son blog pour découvrir son univers !

Lorsque le chirurgien nous demande de le rencontrer, je ne m’attendais pas à trouver dans le lit un très beau jeune homme. Il est grand, la peau foncée, de grands yeux noirs, des cils interminables et un sourire à tomber par terre.

Il vient d’arriver d’une île à côté de la notre. En situation irrégulière, son pronostic vital étant engagé, il est pris en charge en urgence au bloc opératoire.

Il saigne abondamment au niveau intestinal, il a un abcès anal qui le fait beaucoup souffrir. Au bloc ce que le chirurgien va découvrir, c’est en fait un cancer. Un truc complètement improbable. Un cancer de la marge anal, en stade hyper avancé. Le bilan d’extension montre qu’il a déjà des métastases. C’est complètement improbable car il a 19 ans !

Il se retrouve donc dans ce lit d’hôpital, loin de sa famille, de ses parents. A 19 ans face à une telle épreuve on a encore besoin d’être entouré, materné. Il est sonné par les annonces traumatiques qui lui sont faites et par cette maladie qui vient anéantir ses rêves.

A 19 ans on est rempli de rêve, et c’est son cas. Il rêve de faire des études, de partir travailler à l’étranger pour gagner sa vie et offrir à sa famille des ressources qu’elles n’a jamais eu. Il a des rêves de gamins pauvres, issu d’une île pauvre, mais qui sont des rêves de grandeur, de croissance. Une envie furieuse de changer le destin, son destin et celui de ses parents, de ses petites soeurs.

Son sourire magnifique m’est destiné quand je rentre dans sa chambre. Il est content de me voir. Je m’assois pour discuter un peu avec lui de comment il vit les choses. C’est dur. Il est triste. Triste de perdre ses rêves, triste de ne pas retourner étudier. Il a peur aussi, peur de ne pas s’en sortir, peur de mourir en fait …

Je lui demande ce qu’il aime faire sur son île natale. C’est quoi, c’est comment la vie là bas ? Il me raconte que ce qu’il préfère, c’est danser sur la plage avec ses amis. Une sorte de danse acrobatique, un hip hop bien à eux. Je l’invite à fermer les yeux. Je lui mets de la musique, des percussions, du djembé. Avoir de la musique dans un service ça peut paraitre anodin, mais c’est en réalité posséder un véritable train pour un voyage dehors, loin de l’hôpital, des murs, de la maladie, et même du pays !!!

Les yeux fermés il sourit et je le pousse un peu plus loin en lui demandant si sur son île magnifique il n’y a pas des odeurs magnifiques ! Sur cette plage, le soir, qu’est-ce que tu sens ? L’ylang-ylang me répond t-il. Bingo, dilate tes narines et sent l’odeur enivrante et entêtante de l’ylang-ylang.

Et bouge tes bras si tu veux, rit, danse, regarde autour de toi. Plus je le sens partir, plus je monte le son. Bientôt les soignants sont derrière la porte. Que se passe t-il ?

Il ne se passe rien, enfin si, il se passe quelque chose d’énorme mais ce qu’il y a de plus énorme, c’est la boule de joie qu’il possède à l’intérieur de lui. Un trésor qui ne demande qu’à être trouvé.

Quand il va ouvrir les yeux, c’est une larme qui accueillera mon regard. Une larme de joie, il y en avait trop dans ce magnifique corps. Il fallait que ça sorte. Il me dit qu’il ne savait pas que l’on pouvait ressentir des choses aussi fortes en restant allongé dans son lit. Il rit, j’adore quand il rit. Il me dit que ça lui fait un bien fou, qu’il a une pêche d’enfer !

Moi je n’ai pas fait grand chose. J’ai écouté ce qu’il aimait et je lui est donné de l’espace pour se sentir humain et plein.

La joie dans les soins, c’est l’humanisation que les soignants réclament. Le sourire, l’odeur, la musique, la vue tous les sens de l’être qui sont oubliés pendant une hospitalisation sont autant de portes d’entrées vers le trésor caché. Laisser aller votre imagination, il n’y a pas (encore) le module joie dans les études soignantes.

Seule votre intuition d’être à être sera votre guide.

Vous en sortirez grandi, rempli.

Ils en sortiront remplis, grandi.

Nous en sortons heureux, joyeux.

La joie est partout où l’humain respire …. Respirez-là.

Cynthia

Défi N°2, article 28/30

Cet article a été sélectionné pour participer l’événement inter-blogueurs “Les sources de bonheur inspirantes de mon domaine” organisé par Claire Joyeux du blog Recettes Minceur Bonheur . N’hésitez pas à visiter son blog pour découvrir son univers !

1 Comment

  • Bénédicte

    On y est, on danse, on entend la musique; il est beau, il rit. On a tellement envie qu’il guérisse.

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